La foi Ngunza-matsouniste se fortifie par les enseignements tirés du Kimoko, qui en réalité sont basés sur les contes, légendes, les récits et les faits de société.
La spécificité de la femme réside, ici, dans son aptitude à véhiculer plus facilement et plus en profondeur le message reçu de l’école de la sagesse ou, tout au moins, à en étendre le champ d'application ; l'homme n'en sera plus la seule courroie de transmission, il sera désormais aidé par un autre être qui est la femme.
« NZO NGUKU », Le « NZO DE LA MÈRE » comme le rappelait MAMA BUNA originaire du département des plateaux en République du Congo. Le « NZO DE LA MÈRE » ou encore lignage répartiteur de l’énergie humaine.
Cette unité se trouve au cœur de l‘existence collective, des données fondamentales de la société, de la source de l’intimité et du secret. Il est à noter que la vie d’un homme ou d’une femme est inconcevable hors de ce cadre.
Le « NZO », c’est l’enfantement par la mère, la manière de venir au monde et d’y vivre. Lorsqu’on parle, non de « NZO NGUKU » mais, de « NZO » tout court, il s’agit toujours de celui de la mère.
Tout est féminin, même quand ce sont des hommes qui y tiennent les places importantes. L’identité naturelle de quelqu’un est d’abord féminine, maternelle.
« NZO » c’est aussi la maison en Kongo. La femme ou l’homme a toujours eu besoin de s’abriter, de se protéger, et de s’approprier des espaces.
« Habiter » c’est « vivre », et il se définit comme « avoir sa demeure ». Le nid c’est la demeure. Le nid c’est aussi le refuge à la vertu d’abri, la mémoire heureuse de l’origine avec ses qualités de repos, de tranquillité et de sécurité. La maison constitue une référence et un outil de construction de soi. C’est le point de départ de la première expérience de l’être dans le monde.
L’habitation est avant tout un lieu de vie, un lieu protégé de toutes les menaces extérieures. Elle renvoie aux normes sociales qui permettent l’intégration.
C’est qu’Il y a plusieurs demeures dans la maison de Nzambi A Mpungu Tulendo. Chacune et chacun a sa place. C'est dans le « DIMBUNDU DIA BA NLONGO » que se trouve le creuset ou les passions du dehors n'ont pas droit d'entrée. Par les voies de la connaissance et de la tolérance le ngunza fait cette expérience unique d'une communion fraternelle tout en restant à sa vraie place.
TUE NA NZO ETO MU KA YENGELE
MAMA, TATA, souviens-toi que, la femme comme l’homme doit honorer « Mfumu », le chef, et ne pas dire des plaisanteries à son sujet. La personne du chef est sacrée et personne n'est autorisé à lui faire violence.
MAMA, TATA, souviens-toi que, toute femme ou tout homme est appelé ngunza.
En tant que femme je donne la vie et je suis plus apte à y veiller ; je pratiquerai difficilement l'exclusion et j’accepterai chacun des membres avec ses défauts tout en cherchant cependant à les corriger en douceur.
La femme calmera souvent l'intempérance et la dureté du père de famille.
La femme a un cœur sensible.
La femme aura une bonne connaissance du milieu, des problèmes et des mentalités.
La femme pourra ainsi, en ses différentes qualités, faire une heureuse synthèse de toutes ces cultures, assurer sa propre évolution et exercer une influence positive sur la bonne marche de la société, de l'humanité ; afin que Nzambi A Mpungu Tulendo délivre ce peuple par sa puissance et le dirige vers la demeure de sa gloire. Son action pourra se faire à deux niveaux : D’une part au niveau individuel, par le travail et l'exemple dans son entourage, qu'il soit professionnel ou familial et d’autre part au niveau collectif, dans des cadres structurés de réflexion et de recherches à travers la communication et la sensibilisation.
Nos différentes traditions étant très riches en enseignements, nous pourrions faire une étude comparative afin de dégager les similitudes éventuelles ou les différences enrichissantes et renforcer l'une par l'autre afin d'en tirer le meilleur parti car la maison de Nzambi A Mpungu est appelée une maison de prière pour tous les peuples. Cela suppose, de notre part, une imprégnation réelle de nos propres traditions.
On trouve parfois les traces de sa propre vie dans les mots, maux, des autres et, à ce moment, on ne peut plus se séparer de ces phrases qui donnent à vivre la nostalgie de nos douleurs, de nos amours, de notre enfance.
Maman morte, c’est un plaisir de te faire vivre, gardienne des enfants, te faire vivre, un peu encore avant de te rejoindre bientôt. On aime sa mère presque sans le savoir, et on ne s'aperçoit de toute la profondeur des racines de cet amour qu'au moment de la séparation dernière.
Maman morte, c’est mon lamentable mystère pour ne t’avoir pas entièrement perdue. Mais, c’est surtout à travers la mythologie que j’esquisserai une image de cette mère, de ma mère, de nos mères.
Il est des symboles immanents. Celui de la mère s’impose évidemment comme indispensable. Le terme de mère est utilisé métaphoriquement pour désigner :
- NGUDI : « Une Basse », instrument le plus grave d'une famille donnée, flûte basse, Guitare basse, instrument le plus grave de la famille des guitares.
- « La source ou la créatrice », ce qui est premier dans la vie de quelqu'un, la langue maternelle, maison mère ;
- « L’alma mater », cette expression fait référence à la mère nourricière ;
- « NGUDI YAKA », en kongo, autrement dit en français « très gros manioc » ;
- « YAKA DIA NGUDI » ou « YAKA DIA MAMA » pour designer l’aliment de base ;
- « NGUDI A MUNTU BWEKI MESO, ZAYA VO DIAMBU DIA NGUDI », autrement dit en français : si les yeux d’un sage rougissent, il s'agit d'une situation difficile.
- « NGUDI NGANGA », le responsable de la communauté.
Le mythe de la mère sera donc celui de toutes les cosmogénèses et anthropogenèses. Prenons quelques exemples parmi d’innombrables.
« MAMA WA NDOMBI », femme noire du bois sacré qui parle aux esprits ;
« MA WARIKETA » profil de la Dame de la Lune très généralement féminine, représentant le courage et la force.
Dans cette vision, la mère est ce rempart qui nous garde en deçà de l’âge adulte, qui nous préserve de notre propre mort.
Les ancêtres disaient que « pleurer sa mère, c'est pleurer son enfance. J'ai été une enfant, je ne le suis plus et je n'en reviens pas ».
Nous constatons que, dans la nature, Nzambi A Mpungu Tulendo a presque tout créé en double. Voici, ci-après quelques exemples :
Le ciel et la terre ; La lumière et l’obscurité ; le jour et la nuit ; La vie et la mort ; le juste et le faux ; le positif et le négatif ; le vice et la vertu ; la vérité et le mensonge ; l’homme et la femme.
Qu’il en soit ainsi.
Il était une fois, un roi qui s’ennuyait en compagnie de ses courtisanes décida de parcourir son royaume à la recherche d’une seconde épouse.
Quand il passait dans les villages de son royaume, le roi ne voyait que des femmes qui ne lui convenaient pas. Les femmes sans mari, trop jeunes ou trop âgées, étaient trop bavardes ou trop curieuses, trop coquettes ou trop sérieuses.
Un jour, après avoir visité tous les villages connus de son royaume, le roi, encore plus las qu’au début de sa quête, décida de rentrer à sa cour. Près d’un village perdu que nul ne connaissait dans son entourage, un vieillard, attiré par le nuage de poussière que soulevaient les montures du cortège, s’approcha et interrogea un des courtisans qui se tenait en avant-garde de la troupe : D’où venez-vous, avec vos visages si fatigués ?
Nous cherchions une seconde épouse du roi. Dans ce royaume, aucune ne lui convient. Nous rentrons à la cour, tristes et fatigués.
Le vieillard observa l’homme avec méfiance mais finit par lui dire, je peux faire quelque chose pour le roi ; mais il faut me promettre de toujours protéger la femme que j’indiquerai, si le roi l’accepte comme seconde épouse.
Le courtisan, trop heureux d’entrevoir la fin de ses peines, s’empressa d’accepter et convainquit le roi et ses compagnons, malgré leur lassitude, de se rendre dans un groupe de cases qu’ils apercevaient à l’orée du village.
Prudent, cependant, le roi voulut observer sans se faire connaître, cette nouvelle prétendante. Quand il eut enfilé les guenilles qu’un pauvre paysan lui avait cédées, il s’approcha de la case, en prononçant les formules d’usage pour réclamer l’aumône.
Une jeune femme sortit et lui fit signe de s’asseoir, en lui présentant une calebasse.
Le roi comprit bien vite qu’il avait devant lui, la seconde épouse pour laquelle il avait parcouru tout le royaume. Elle chanta en balayant le sol pendant qu’il buvait lentement son vin de palme et elle ne prêta pas l’oreille aux propos malveillants d’une de ses voisines qui s’entendaient par-delà les murs de la cour.
Le roi fut séduit par tant de gaité, de sérieux et de discrétion et, après avoir revêtu ses habits somptueux, il vint lui demander de l’épouser. La jeune femme pris un temps de réflexion, accepta et suivit le cortège.
Dans sa nouvelle demeure, la jeune femme surprit tout le monde, aucun de ceux qui visitaient la cour, princes ou paysans, ne la vit participer à une conversation ni donner son avis, comme si elle restait sourde aux propos qui se tenaient devant elle.
Tous d’ailleurs, répétaient à qui voulait l’entendre, « le roi a épousé une sourde ! ».
Mais le roi appréciait la discrétion de sa nouvelle épouse et avait pris plaisir à écouter sa belle voix, comme quand elle avait chanté devant lui, devant sa case ; alors il laissait dire. Cela ne fit que renforcer la jalousie de sa première épouse, dont le mauvais caractère n’avait cessé d’empirer.
La femme méchante et criarde commença un jour par tuer toutes les poules du roi. Le roi, furieux, s’emporta et demanda : Qui a tué mes poules ?
C’est la sourde, répondit la première femme.
Alors le roi déclara : On ne suit pas les paroles d’une sourde, il faut les jeter en brousse.
Un autre jour, la jalouse tua le chien de garde du roi. Comme elle venait lui annoncer la mort de son fidèle gardien, le roi s’emporta encore : Qui a tué mon chien ?
C’est encore la sourde, répondit-elle.
On ne suit pas les paroles d’une sourde, dit le roi, jetez-les en brousse.
Une autre fois, la méchante femme tua le meilleur cheval du roi. Affligé par cette nouvelle épreuve, la mort de son animal, celui-ci demanda : Qui a tué mon cheval ?
C’est toujours la sourde.
Mais il se contenta encore de répéter : On ne suit pas les paroles d’une sourde, il faut les emporter en brousse.
Plus tard, la jalousie de la mauvaise femme lui fit perdre toute raison et c’est son propre fils qu’elle tua, elle fit transporter son cadavre dans la case et se mit à pleurer.
Pourquoi pleures-tu ? demanda le roi qui avait entendu ses plaintes.
La sourde a tué mon enfant.
Le roi décida alors de punir cette femme qui tuait, les uns après les autres, animaux et personnes de son entourage. Il appela donc deux de ses fidèles courtisans, « MAYELA, l’intelligent et NDUENGA, le sage ».
Sa majesté, que ta vie soit longue ! Nous voici, répondirent les deux hommes.
Cette femme, cette méchante sourde, prenez-la pour la tuer en brousse !
Mais NDUENGA, le sage, était ce courtisan qui avait promis de protéger la seconde épouse du roi. Il feignit cependant d’obéir aux ordres de son maître et prit son sabre.
En compagnie de MAYELA, l’intelligent, il entraîna donc la sourde en brousse.
Convaincu de l’innocence de la femme qu’ils devaient faire mourir, il prit le temps de dévoiler son ancienne promesse à son compagnon.
Celui-ci savait déjà qu’elle était victime de la jalousie de la première épouse et accepta de la sauver.
Connais-tu le chemin de ton village natal ? demandèrent les deux compagnons à leur victime.
Oui, je connais la route pour y aller, répondit la jeune femme.
Va t’y réfugier. Nous saurons comment faire croire au roi que nous t’avons fait disparaître.
S’entaillant légèrement le bras, ils enduisirent leur sabre de sang et rentrèrent pour rendre compte au roi de leur mission. Ils avaient bien tué la sourde, le sabre ensanglanté en témoignait.
Mais, la pauvre femme qui était revenue enceinte dans son village, accoucha d’un garçon.
Le temps passa, l’enfant grandit, sa mère lui acheta des instruments de musique fabriqués avec des calebasses, et lui apprit une chanson.
Quand le jeune homme la sut parfaitement, sa mère lui dit, regarde cette route, si tu la suis, elle te mènera jusqu’à la porte de ton père.
Là-bas, vit une mauvaise femme. C’est elle qui m’a séparée de ton père. Quand tu y seras, tu chanteras la chanson que je t’ai apprise.
Le moment venu, le jeune homme s’en alla à la cour du roi, son père, et entonna sa chanson. Dès qu’il l’eut entamée, la première femme du roi, la coépouse de sa mère, le maudit et le chassa.
Mais, sans se lasser, le lendemain il revint et répéta sa chanson.
La mauvaise femme le chassa à nouveau, en le maudissant.
Il rencontra alors une vieille femme qui lui demanda : D’où viens-tu ? Je dois mendier pour vivre, répondit-il.
Est-ce que tu peux m’indiquer un lieu pour dormir ? Oui, ici il y a une case où tu peux te reposer.
Le jeune homme déposa ses instruments et s’endormit.
Le matin, il retourna chez le roi et commença à chanter.
La première femme du roi le maudit encore et elle était sur le point de le renvoyer à nouveau, quand le roi l’aperçut et l’interrogea : Sais-tu chanter ?
Oui sa Majesté, je sais chanter, mais ta femme m’empêche de le faire.
N’aie pas peur, chante !
Le roi écouta le chant de la sourde et lui dit : Vraiment tu sais chanter ! D’où viens-tu ?
Le jeune homme répondit sans hésiter et le roi constata qu’il venait du village où il avait trouvé sa seconde épouse qu’on surnommait la sourde. Il lui demanda alors le nom de sa mère. On la surnomme la sourde, répondit-il.
« MAYELA », et « NDUENGA », cria le roi.
Sa Majesté, que ta vie soit longue !
Est-ce que vous aviez bien, autrefois, fait disparaître la femme qu’on surnommait la sourde ? Non, répondirent-ils pleins de crainte ; nous n’avons pu nous y résoudre.
Vous avez bien fait.
Voyez-vous ce jeune homme ? C’est le fils de cette femme. Allez me la chercher dans son village. Quant à ma première femme, mettez-la à mort.
Celle qu’on surnommait la sourde fut vite retrouvée et dit aux messagers du roi : Je veux bien revenir, mais je ne retournerai pas à pied chez le roi, mon époux. On lui trouva alors une monture et on déroula un tapis depuis sa case jusqu’au palais royal.
Qu’il en soit ainsi.