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« La transformation de nos sociétés doit s’inscrire dans un temps long ». Entretien avec Denis Sassou-Nguesso

par GéoAfriqueMédias.cg 30 Janvier 2023, 10:34 Politique

La République du Congo (Brazzaville) est neuf fois plus petite et vingt fois moins peuplée que son voisin, la République démocratique du Congo (Kinshasa). Son histoire a des contours  communs avec d’autres pays africains : une trajectoire qui commence par la colonisation française, l’indépendance, les espoirs, les déboires, le long apprentissage du pouvoir, mais aussi la guerre froide, la fin du monde bipolaire, la montée de la Chine, le lent effacement de la France. Son président, Denis Sassou-Nguesso, est le doyen du continent africain. Il a côtoyé les géants de la décolonisation. De Houphouët-Boigny à Mandela, il les a tous connus. Il connait également l’ancienne métropole, la France dont il a porté l’uniforme à 19 ans. Nous nous sommes rencontrés à Brazzaville mi-janvier. Cela a été  l’occasion d’exercer un droit d’inventaire sur la vie du Président et de faire le point sur le passé du pays qu’il dirige et sur sa vision du continent.    Propos recueillis par Gil Mihaely

Monsieur le Président, face à votre palais, de l’autre côté du fleuve, on peut voir une ville qui s’appelait Léopoldville et qu’on appelle aujourd’hui Kinshasa. Pourtant, votre capitale se nomme toujours Brazzaville. Pourquoi avez-vous gardé le nom français comme capitale nationale alors qu’elle représente la colonisation ?

Avant de répondre à cette question, je vais vous raconter une anecdote. En 1980, j’ai rencontré Ahmed Sékou Touré, président de la République de la Guinée et Mathieu Kérékou, Président du Bénin, ici à l’aéroport de Brazzaville. Au cours de ce rendez-vous, Sékou Touré m’a demandé d’organiser un rassemblement et, avant de nous y rendre, il m’a dit « Je vais annoncer au meeting que Brazzaville change de nom pour devenir Ngouabiville, en hommage au Président congolais Marien Ngouabi assassiné en 1977 ». J’ai refusé.

Ici, au Congo, nous ne continuons pas à vivre l’époque coloniale. Monsieur Savorgnan de Brazza a libéré les esclaves à Libreville ! Il a agi comme un explorateur, comme un humaniste et non pas comme un colonialiste ! Quand il était en poste ici, il s’est opposé à l’indigénat. Plus tard, c’est lui encore qui a rédigé un rapport accablant les administrateurs coloniaux et leurs excès. Nous l’avons conservé au mémorial, érigé en son honneur. Nous pensons même que, suite à ce rapport, Brazza a été empoisonné.  Nous croyons qu’il a été assassiné à cause de cette prise de position et nous continuons de voir en lui un humaniste, et Brazzaville continue de porter son nom.

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