COBAC: << La nécessité de sensibilisation et de formation des employés devient incontournable. Des programmes d'investissements doivent être envisagés pour moderniser les infrastructures informatiques afin d'être en phase avec les évolutions technologiques >>„ a déclaré Yvon SANA BANGUI.

La treizième Réunion de concertation de la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) avec la profession bancaire s'est achevée le 18 juillet 2024 au Tours Jumelles de Mpila à Brazzaville sur une note de satisfaction. Placée sous la présidence de Monsieur Yvon SANA BANGUI, Gouverneur de la Banque des États de l'Afrique Centrale (BEAC) et président de la COBAC en présence de Monsieur Michel DZOMBALA, Vice-Gouverneur de la BEAC et président suppléant de la COBAC, les directeurs nationaux de la BEAC, les Directeurs Généraux des établissements assujettis de la CEMAC, assistés de certains de leurs responsables, les responsables de la BEAC et du Secrétariat Général de la COBAC, ont également pris part à cette concertation. La cérémonie officielle d'ouverture des travaux a été patronnée par Monsieur Ludovic NGATSÉ, Ministre congolais du budget et du portefeuille public, invité par le président de la COBAC.

Ouvrant les travaux de la 13 ème Réunion annuelle de concertation du président de la COBAC avec la profession bancaire et financière, Ludovic NGATSÉ dans son discours a premièrement souhaité au nom du peuple congolais et du Gouvernement qu'il représente, à Monsieur le Gouverneur et la suite de tous ceux qui se sont déplacés pour cet événement, sa chaleureuse cordiale bienvenue et bon séjour au Congo. << Mesdames et Messieurs, nos traditions ancestrales bantoues, nous rappellent que les affaires les plus complexes d'une communauté, trouvent des solutions idoines dans le cadre de dialogue savamment orchestré par des sages, solutions finales qui sont agréés par l'ensemble des parties prenantes >>, a indiqué le Ministre congolais du budget et du portefeuille public.

Pour sa part, Yvon SANA BANGUI dans son mot introductif, après les civilités d'usage, a indiqué les quatre principaux thèmes figurant à l'ordre du jour de cette concertation. Ils ont porté sur la problématique de la surexposition des banques au risque souverain ; l'évolution des créances en souffrance dans la CEMAC et les propositions de mesures prudentielles adaptées et; la cybercriminalité dans les établissements de crédit de la CEMAC et une communication de la BEAC sur les Projets Sytac 2 et Sygma V10.

En effet, au cours des travaux, Marcel ONDÉLÉ, Secrétaire Général de la COBAC, dans sa présentation sur la problématique de la surexposition des banques de la CEMAC au risque souverain, a rappelé l'auditoire que la mise en place du marché des titres publics à souscription libre en 2008 visait initialement un triple objectif. Elle devait permettre à la Banque Centrale de contenir efficacement l'inflation, aux établissements de crédit de diversifier leurs ressources et se financer par des ressources non monétaires obtenues au moyen des émissions de titres publics, et ni  plus par le canal de la Banque centrale. Dans les faits, les établissements de crédit souscrivent massivement aux émissions de titres publics, avec accélération notable à partir de 2016 laquelle s'est maintenue jusqu'alors, et qui a comme conséquence d'accroître significativement, d'une part, le risque de concentration sur les États et, d'autre part, le risque d'éviction sur les concours classiques à l'économie. 

Poursuivant, il a démontré que la surexposition des banques au risque souverain contribue indirectement à la dégradation d'autres normes prudentielle. Il s'agit des normes qui concernent : la division des risque, la couverture des immobilisations. Également, il a notamment relevé que l'application de pondération nulle aux engagements portés sur l'État concoure dans une certaine mesure à cette dégradation d'ensemble de la situation prudentielle du système bancaire de la CEMAC. Il a par ailleurs rappelé aux banques, la nécessité de disposer de ressources adaptées à la souscription des titres et d'assurer le respect de leurs obligations aussi bien prudentielles qu'à l'égard du cahier des charges des SVT pour les établissements concernés.
Pour sa part, Madame Patricia Danielle MANON, Secrétaire Générale Adjointe de la COBAC, sur l'évolution des créances en souffrance dans la CEMAC et les propositions de mesures prudentielles adaptées, dans son exposé qui s'illustre dans un contexte post crise sanitaire, marqué par le conflit russo-ukrainnien, elle a mis en exergue les effets socio-économique qui en découlent pour le secteur bancaire de la CEMAC. Elle a notamment évoqué la dégradation de la qualité du portefeuille de crédits et des contreperformances en termes de résultat net qui ont affecté négativement la solvabilité, la liquidité et la rentabilité des établissements de crédits des banques de la CEMAC qui rappellent les effets de la crise bancaire des années 80 dont les conséquences ont été catastrophiques pour les économies de la CEMAC. Madame Patricia Danielle MANON a aussi relevé que la situation ainsi décrite impose la mise en œuvre d'une stratégie globale qui recouvre un plan agressif de réduction de stock figurant dans les bilans des banques et une stratégie de prévention des prêts non performants à l'avenir. Pour conclure, elle  présenté les mesures adoptées par la Commission Bancaire, lors de sa session du 21 mars 2023 à Yaoundé, visant à une meilleure gestion des stocks de créances en souffrance.
Quant à Monsieur Gérard EYOUM LEWOURIEN, Directeur Général de CYBERIX, Expert en Cyber Criminalité, spécialiste en prévention et maitrise du risque cyber dans les institutions financières, dans son exposé consacré à la cybercriminalité dans les établissements de crédit de la CEMAC, a mis en évidence les dommages financiers liés à la cybercriminalité en Afrique estimés à 4,1 milliards de dollars par Interpol. Ces pertes concernent principalement les secteurs de la Finance (31%), des télécommunications (27%) et des services publics (21%). La CEMAC représenterait environ 15% du coût total de la cybercriminalité en Afrique. Parmi les enjeux majeurs en matière de cyber sécurité, il a notamment relevé le rythme accéléré de la transformation digitale dans le secteur financier, la faiblesse des infrastructures, l'interconnexion à l'échelle régionale de plusieurs systèmes bancaires et la pénurie d'expertise locale en matière cyber sécurité. Pour clore, il a suggéré certaines actions à mener parmi lesquelles:  le renforcement des capacités en matière de cyber sécurité et la mise en place des plans d'accompagnement adapté aidant à la certification de sécurité des institutions publics et privés.

La dernière communication a été celle de la BEAC sur les projets Systac 2 et Sygma V10 .Après des fructueux échanges, les travaux de la 13 ème réunion annuelle de concertation se sont achevés par le discours de clôture de Monsieur Yvon SANA BANGUI, président de la COBAC, qui pour préserver la résilience du système bancaire de la CEMAC face à la situation préoccupante des créances en souffrance, la mise en œuvre diligente des mesures complémentaires prises par la Commission Bancaire lors de sa session du 21 mars 2023 à Yaoundé est apparu impérieuse, a de titre de rappel a déclaré : <<Je rappelle que les mesures préconisées consistent, entre autres, à: 
- formaliser un cadre d'échanges tripartite comprenant des représentants de l'État, de l'APEC de chaque pays, de la COBAC et de la BEAC ;
- mettre en place, à l'instar du Cameroun, un dispositif communautaire de pénalisation des débiteurs indélicats ;
- élaborer une approche macro-prudentielle pour prévenir l'accumulation de prêts non performants à l'avenir en définissant des attentes prudentielles spécifiques à chaque banque pour les provisionnements correspondants, notamment pour les établissements d'importance systémique ;

- fixer une limite pour les créances en souffrance, à l'instar des standards internationaux en la matière.
Pour ce faire, le Secrétaire Général de la COBAC devra dans les prochains jours prendre les dispositions nécessaires pour implémenter l'ensemble de ces mesures>>.
Puis, il a remercier tous les participants qui ont accepté de faire le déplacement de Brazzaville pour prendre part à ces travaux ainsi qu'à l'endroit des autorités congolaises pour l'accueil chaleureux, il a aussi félicité les organisateurs de cette réunion pour la qualité des supports de ces assises, tout en souhaitant un bon retour dans leurs respectifs, à tous ceux qui quittent le Congo, et il a déclaré close la 13 ème édition de la rencontre annuelle du Président de la COBAC avec la profession bancaire et financière de la CEMAC.