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Pour le FROCAD, il faut que les gouvernants et les acteurs politiques prennent le courage de dire la vérité aux Congolais. A travers le Message sur l’Etat de la Nation en 2020, il faut dire une chose : “ Le Congo va mal, très mal. “
Tout en reconnaissant que la pandémie du coronavirus, ce péril destructeur qui a frappé même les plus puissants du monde, est venu aggraver la situation déjà préoccupante de notre pays, il faut reconnaître que le Congo, notre beau pays, est depuis plus de dix ans, victime d’une gestion chaotique, calamiteuse et scabreuse (ces termes qui avaient été utilisés dans la Nouvelle Espérance pour apprécier la gestion du pouvoir du Président Pascal Lissouba).
Au plan économique et financier : L’échec des politiques mises en œuvre est patent. La situation se caractérise notamment par la forte dépendance de l’économie vis-à-vis du pétrole, l’incapacité de diversifier celle-ci depuis près de quarante ans, un taux de pauvreté très élevé, des faiblesses dans la gouvernance, une dette insoutenable représentant 104,5% du produit intérieur brut (PIB), largement supérieur à la norme communautaire de la CEMAC qui est de 70%, un chômage endémique qui frappe fortement la jeunesse, une mauvaise répartition de la richesse nationale, de nombreux scandales et crimes économiques qui demeurent impunis, le manque de volonté politique de lutter contre la corruption et autres antivaleurs.
La signature, le 11 juillet 2019, après près de deux ans de difficiles négociations, d’un programme avec le Fonds monétaire international (FMI) apparaissait comme le salut ; cela n’aura été, en définitive qu’une illusion. Le Gouvernement a été incapable de respecter ses engagements.
Le programme est en fait suspendu. Même la demande d’aide d’urgence de 300 millions de dollars, dans le cadre de la pandémie de la COVID, dont ont bénéficié beaucoup de nos pays voisins, introduite en mai 2020, est demeurée sans suite, jusqu’aujourd’hui. Ce qui illustre la très mauvaise image de notre pays, au sein de la Communauté financière internationale.
Au plan social : les Congolais souffrent. Ils s’enfoncent chaque jour, davantage, dans une misère indescriptible. Au cours de l’année 2020, les retraités n’auront touché que trois ou quatre mois de leurs pensions, sur douze. Comment font-ils pour vivre ? Le taux de mortalité dans cette couche vulnérable est très élevé ; l’avenir des jeunes est compromis avec le non-paiement, depuis trois ans, de leurs bourses et l’incapacité notoire de résoudre le problème du chômage endémique. Le déficit des enseignants et la non tenue des promesses de recrutements plonge ce secteur dans une situation très préoccupante.
Le système sanitaire se caractérise par la fragilité et la faiblesse du secteur.
Au plan des droits de l’homme : l’on souhaiterait être mieux édifié sur le non-lieu prononcé par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, suite à une plainte contre une violation des droits lors du référendum d’octobre 2015.
Le Front Républicain pour le Respect de l’Ordre Constitutionnel et l’Alternance Démocratique se réjouit du débat lancé, à près de trois mois de l’élection présidentielle, sur l’anti-constitutionnalité. Ceci, au regard des nombreuses et flagrantes violations des lois et règlements de la République, dans l’impunité totale, par le Gouvernement. Il a mentionné qu’il a été relevé, ce qui suit, dans ce message :
“ Nos difficultés de l’heure ne doivent pas nous amener à emprunter le chemin hasardeux et dangereux de l’anti-constitutionnalité“ ? Cela rappelle une déclaration de l’opposant Denis Sassou Nguesso, lors d’un meeting URD-PCT, au Boulevard des Armées, en Novembre 1992, à savoir :
“Cependant, est vrai le fait que jamais, je ne pourrais accepter que la Constitution soit violée,… J’insiste pour dire que lorsque la Constitution est violée, les démocrates ne doivent pas l’accepter… Jamais, jamais nous n’accepterons que soient organisées des élections hors la loi…“
On retrouve ces idées fortes chez le Président Laurent Gbagbo, lorsqu’il argumente que :
“La Démocratie, c’est le respect des textes, à commencer par la plus grande norme en droit qu’est la Constitution. Qui ne respecte pas la Constitution n’est pas démocrate. “
Qu’en est-il de la réalité de notre pays aujourd’hui ?
Comme tout le monde le sait, en reconduisant le Président de la République comme Président du Comité Central du Parti Congolais du Travail, en fait Président de ce parti, le Parti Congolais du Travail a violé, lors de son 5ème congrès ordinaire, en décembre 2019, l’article 80 de la Constitution qui circonscrit, dans son 2ème alinéa que :
“Le mandat du Président de la République est également incompatible avec toute responsabilité au sein d’un parti politique. “
Et, l’article 26 de la loi sur les partis politiques qui dispose que :
“ Les partis politiques ont le devoir de se conformer à la Constitution…“
Cette situation est hautement préoccupante d’autant plus que l’on a réalisé qu’elle perdure depuis près de dix ans et que l’article 31 de la loi 20 – 2017 du 12 mai 2017, relative aux partis politiques, énonce clairement que :
“En cas, de violation des lois en vigueur, par tout parti ou groupement politique, ou de trouble à l’ordre public, le ministre chargé de l’Administration du territoire suspend, par voie d’arrêté, le parti ou le groupement politique concerné, de toutes ses activités et ordonne la fermeture provisoire de ses locaux.“
Il est donc tout à fait normal de se poser la question de savoir : A quand la sanction au Parti Congolais du Travail pour violation de la Constitution et des lois et règlements de la République ?
Le constat fait, malgré tout, c’est que le Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation a déclaré, dans l’arrêté 13205/MID – CAB du 21 octobre 2020, le Parti Congolais du Travail conforme à la loi. Ce qui donne la preuve irréfutable du manque de neutralité et du caractère partisan de l’administration publique congolaise. Ce qui a un important impact sur l’organisation des élections, surtout quand on les veut libres, démocratiques et transparentes.
Les Congolais, dans leur grande majorité souhaitaient et souhaitent encore que toutes ces questions importantes soient débattues au cours d’un véritable dialogue national. Malheureusement, le Gouvernement s’est même refusé à organiser un dialogue dans le cadre constitutionnel qu’il a lui-même conçu. Il a choisi de le contourner en organisant une mascarade politicienne à Madingou, pour juste distraire l’opinion nationale et internationale. Après avoir déclaré conforme, le Parti Congolais du Travail, qui, comme on l’a prouvé plus haut, ne l’est pas en fait, le Gouvernement a plutôt organisé une Concertation du Parti Congolais du Travail, à Madingou. Les résultats sont connus : cuisant échec, rendez-vous manqué, manque de consensus etc… Le constat est cinglant : il n’y aura pas, en 2021 au Congo, une élection présidentielle libre, démocratique, transparente, crédible et apaisée.
Du point des perspectives : Une attention particulière doit être accordée au besoin important de financement. A notre humble avis, il nous faut de l’argent, beaucoup d’argent pour le Congo ; mais où le trouver ? Nous pensons qu’il faut :
- Prendre des dispositions pour la bonne exécution du programme avec le Fonds Monétaire International ;
- Tout mettre en œuvre pour réaliser l’audit du compte de stabilisation pour donner tout l’éclairage nécessaire, sur les 14.000 milliards d’excédents budgétaires ;
- Sortir des déclarations fracassantes concernant la lutte contre la corruption et passer aux actes. Les Congolais sont surpris du mutisme de la justice, devant les nombreux cas de scandales et crimes économiques et financiers, à l’instar de : la situation du Fonds de soutien de l’agriculture, l’argent débloqué pour une route imaginaire de 137 kms, du projet de réhabilitation de la route Ngo – Djambala – Lekana, des révélations faites par les Panama Papers et le dossier de plus de 800 Conseillers, Attachés et autres fictifs à la Présidence de la République, etc…
Au regard de tout ce qui précède, le Front Républicain pour le Respect de l’Ordre Constitutionnel et l’Alternance Démocratique :
- Recommande beaucoup de précautions et de prudence sur la question du vaccin pour le traitement du coronavirus ;
- Demande que tout soit mis en œuvre pour le paiement régulier, en 2021, des pensions des retraités et des bourses des étudiants ; et que des dispositions soient envisagées pour l’apurement des arriérés ;
- Note avec préoccupation que depuis près de dix ans, le parti au pouvoir n’est pas en conformité avec la loi et attend, en conséquence, des gouvernants, l’application des lois et règlements de la République en la matière ;
- Dénonce le manque de neutralité et le coté partisan de l’administration publique congolaise. Ce qui remet en cause le rôle dévolu au Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation dans l’organisation d’une élection libre, démocratique, transparente et apaisée ;
- Souligne avec force que selon les dispositions constitutionnelles, et surtout, du fait du serment qu’il a prêté solennellement, de respecter et de faire respecter la Constitution, le Président de la République ne peut pas être Président du Parti Congolais du Travail. Cette situation incongrue le place devant un dilemme et conduit à s’interroger sur son rôle dans l’organisation des élections ;
- Réclame la poursuite, dans les meilleurs délais, de tous les responsables des nombreux scandales et crimes économiques et financières ;
- Exige la tenue, dans les meilleurs délais, d’un Dialogue national inclusif qui doit se préoccuper de la situation dramatique de la République du Congo ;
- Accorde une attention particulière à la prise des mesures d’apaisement de la situation politique en général et la libération des prisonniers politiques en particulier ;
- Lance un vibrant appel à toutes les forces acquises au changement et à la rupture, de rejoindre le Frocad afin de mener ensemble le combat pour le respect de l’Ordre Constitutionnel et l’alternance démocratique ;
- Interpelle l’opinion, tant nationale qu’internationale, pour qu’elle accorde une attention particulière à la situation du Congo qui, à notre avis, est très inquiétante.
Fait à Brazzaville, le 28 décembre 2020
L’Assemblée Générale