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Question : Bonjour Président ! Pouvez-vous, vous présenter pour nos lecteurs et téléspectateurs en ligne?
Jean ITADI : Bonjour! Vous savez qu’on m’appelle ITADI. C’est le nom que mon père m’a donné. Je suppose que vous connaissez qui je suis.
Question : Président, vous avez perdu un membre influent de l’opposition congolaise qui est un cadre au niveau de votre parti. Vous qui l’avez côtoyé, quelle est votre pensée pieuse à son égard ?
Jean ITADI : Je viens de perdre, coup sur coup, dans un intervalle d’une semaine, deux vice-présidents de mon parti : le camarade Christophe MOUKOUEKE, ancien Ministre et le camarade Dominique Nimi MADINGOU aussi. Ces deux vice-président du parti, comprenez que ce n’est pas un moment de piété passé comme ça. J’ai pour les deux, des douleurs d’avoir perdu mes camarades. J’ai eu pour les deux une amitié très longue. Et qu’est-ce que je peux dire ? Le CAP perd, le Congo perd parce l’un et l’autre était une grande figure. Ils ont servi la République. Donc c’est un moment de douleurs.
Question : Vous avez marché ensemble avec lui, quel est votre plus grand souvenir envers Christophe ?
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Jean ITADI: J’en ai beaucoup. Christophe MOUKOUEKE est dans le parcours qu’il a eu. Je suis son Jean ITADI déplore la disparition de deux grands ténors de l’Opposition Congolaise
Le Congrès Africain pour le Progrès (CAP) pleure depuis quelques jours ses deux Vice-présidents, Dominique Nimi MADINGOU et Christophe MOUKOUEKE, décédés respectivement parrain de mariage. En dehors du parcours politique parce qu’avec Christophe MOUKOUEKE nous avons été dans tous les combats. Ensemble, on est acteur de ce qu’on appelle dans ce pays, le 5 février 1979. Ensemble, nous sommes acteurs de ce qu’on appelait la lettre ouverte qui a déclenché le processus démocratique. Ensemble, nous sommes les cofondateurs de l’UMDP. Ensemble, nous sommes les deux vice-présidents de l’UPADS, le parti qui a emmené Pascal LISSOUBA au pouvoir. Ensemble, nous sommes les fondateurs du CAP. Il y a des liens personnels et politiques. C’est une partie de moi qui s’en va. Les souvenirs, y’en a tellement. Aussi bien privé que public ; aussi personnel que politique. Aussi bien de joie avec des victoires qu’on a eues. On a été les compagnons de de Pascal LISSOUBA qui est devenu président de la République. Il y a aussi des moments de douleurs bien sûr. Nous avons connu l’exil l’un et l’autre ; on a connu les privations l’un et l’autre. Nous avons connu le malheur y compris le départ de Pascal. J’en ai connu encore avec le départ de Christophe MOUKOUEKE et de Dominique Nimi MADINGOU. J’ai les souvenirs de tout genre mais dans les moments de douleurs, c’est ce qui est plus intimes. C’est ce qui lui a emmené de me choisir comme témoin de mariage pourtant je suis son cadet en âge. Je me souviens, à cette époque-là, je n’avais que 27 ans. Je me souviens des propos du Premier Ministre, Louis Sylvain NGOMA qui dit : Christophe, comment peux-tu choisir un petit comme ça comme parrain ?
Question: Et dans son parcours politique, quels sont les meilleurs moments ?
Jean ITADI : Pour ce qu’il a été au PCT, président de la commission de contrôle et d’évaluation, secrétaire du PCT en charge de la presse et de la propagande. Pour ce qu’il a servi la République comme Ministre, pour ce qu’il a été le vice-président de l’UPADS, le parti qui a emmené Pascal LISSOUBA au pouvoir. Dans tout cela, qu’est-ce que l’on peut dire ? Si je choisis les moments qu’il a passé avec moi, je me fais plaisir à moi-même. Mais Christophe a été excellent par des différents moments de son histoire. Les Congolais retiendront, même si ce n’est pas récent en politique, on le sait, la reconnaissance n’est pas de ce monde. Mais les Congolais reconnaitront que dans le parcours de ce pays, Christophe a accompli sa part de travail.
Question : Un dernier mot ?
Jean TADIi : C’est de vous remercier pour l’attention que vous prêtez à mes camarades, à Christophe et à Nimi MADINGOU. Merci de me sortir, un peu de ce que j’appelle moi-même, mon monde de Si. Puisque comme Tiber, je suis dans un monde et me sortir de ces moments de douleurs en ayant l’occasion de travailler avec vous. Mais évoquer un grand homme est une situation très difficile.
A titre de rappel dans ses envolées oratoires, le Président LISSOUBA avait déclaré comme suit: "Si nous n'y prenions pas garde, nous serons tous effacés". Cette classe politique avait des enjeux de taille pour l'Afrique en général et en particulier pour le Congo entre autres, la démocratie et le développement économique ainsi que les défis des Innovations technologiques, c'est ce qui résume le slogan de l'UPADS: "le défi d'un continent, l'espoir d'une génération" et c'est cette génération qui est entrain de partir sans atteindre le but du combat qu'elle menait.
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Ce grand homme de combats et de convictions, souhaitait être candidat aux élections présidentielles de 2009, mais malheureusement, il ne peut se présenter pour cause de limite d'âge. Il expose son projet de reconstruction de la République du Congo dans son ouvrage «Le Congo d'après-guerre (1997-2000), Défis majeurs et nécessaires mutations ». Il y préconise entre autres la réconciliation nationale, la restauration et l'approfondissement de la démocratie, la décentralisation, la réforme industrielle ainsi qu'une révolution éthique et morale.
Après maintes tentatives de réconciliation au sein de l'UPADS à la suite des querelles de positionnement, Christophe MOUKOUEKE avec certains ténors de l'UPADS entre autres Victor TAMBA-TAMBA , Jean ITADI, Nimi MADINGOU et Arsène TSATI MBOUNGOU vont définitivement tourner la page de ce Parti pour la création d'une nouvelle formation politique, le Congrès africain pour le progrès (CAP). Cette nouvelle structure, qui ne se départ en rien des idéaux essentiels du professeur Pascal LISSOUBA, a pour emblème fondamental la noix de palme et semble parfaitement ancrée dans l'opposition congolaise.
C’est au début des années 70 que Christophe MOUEKE, enseignant de carrière, fait partie des jeunes loups du Parti congolais du travail. Tous ceux qui l’ont connu à cette époque gardent de lui le souvenir d’un homme ouvert, disponible et travailleur. Après le travail, le réconfort, dit-on trivialement. Bon vivant, il a ses entrées dans les concerts des Bantous de la capitale où il était une figure familière. Il fut nommé ministre de l’Enseignement primaire et secondaire le 16 décembre 1971. Il y fit la preuve de ses qualités de grand clerc de l’État. Après une trêve ministérielle, il retrouve le gouvernement le 9 janvier 1975 en qualité de ministre de l’Information. Voilà un homme que la politique n’avait pas changé. Il avait su garder son habituel entregent. Pendant plus de deux décennies, à différents postes de responsabilité, il est au firmament de la politique dans notre pays, jusqu’à un passage à vide qui ne dura pas longtemps, heureusement pour lui.
La Conférence nationale, dont il fut l’un des instigateurs acharnés, lui donna l’occasion de rebondir. En politique, on n’est jamais définitivement perdu. Très vite, dans une démocratie en gestation où chacun cherchait ses marques, il se retrouva en définitive dans l’UPADS, le parti du professeur Pascal LISSOUBA. Il en devint le secrétaire général.
Politiquement, il ne fut pas exempt de critiques. Et certains de ses propos le classèrent dans le camp des « durs » sous le régime du président LISSOUBA. Dans le feu de l’action, ceux qui agissent se trompent parfois. Absolution, s’il en est.
Son destin bascula avec la guerre du 5 juin 1997. Il prit avec d’autres compatriotes la route de l’exil. Il y a un temps pour se battre, il y a un temps pour se réconcilier. Tous ceux qui étaient en exil purent rentrer au Congo. Christophe MOUKOUEKE revint au pays et se fit élire, dans la foulée, Député de la circonscription de Mabombo en 2007.
Christophe MOUKOUEKE, Vice-Président du CAP est parmi les hommes ayant marqué l’histoire politique du Congo. Il a été maintes fois Commissaire Politique du Gouvernement, poste équivalent actuellement à celui du préfet de département. C’est ainsi que le vendredi 2 mai 2014, le journaliste et historien MFUMU lui consacrait, dans sa rubrique « Brin d’histoire » paraissant dans « Les Dépêches de Brazzaville », une tribune aux allures dithyrambiques.
« Au début des années 1970, Christophe MOUKOUEKE, enseignant de carrière, fait partie des jeunes loups du PCT. Nos destins se sont croisés alors qu’il était directeur du collège Javouhey à Brazzaville. J’y ai passé trois mois en qualité d’élève et de président de l’Union générale des élèves et étudiants congolais sous son encadrement bienveillant. Tous ceux qui l’ont connu à cette époque gardent de lui le souvenir d’un homme ouvert, disponible et travailleur. Après le travail, il a ses entrées dans les concerts des Bantous de la capitale où il était une figure familière. Il fut nommé ministre de l’Enseignement primaire et secondaire le 16 décembre 1971. Il y fit la preuve de ses qualités de grand clerc de l’Etat. Je perdis avec son départ le parapluie qui faisait de moi un personnage important dans ce collège », écrivait MFUMU.
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De l’autre côté en France selon les témoignages, « la disparition du Ministre Dominique Nimi MDINGOU est une perte inestimable pour la nation congolaise. Elle crée, en notre sein, nous, ses Associés, un vide immense. Des Associés, dont est Nimi MADINGOU lui-même, qualifiés, comme tels, pour symboliser l’unité d’action des différents corps, toutes origines confondues, autour du Président Pascal LISSOUBA, en vue de la réussite de son mandat populaire. Passionné des questions pétrolières dont il avait la maîtrise, ce qui lui ouvre l’accès à la société nationale des hydrocarbures Hydro Congo, Mr Dominique Nimi MADINGOU croyait en la puissance du pétrole et du gaz qui dit il « sont indispensables à l’économie mondiale et constituent un secteur d’industries très porteur ».
Malgré une volonté des pays modernes de recourir à des énergies plus vertes, Dominique Nimi MADINGOU affirmait que les hydrocarbures constituaient encore des ressources massivement demandées. Dans ce domaine pétrolier, Dominique Nimi MADINGOU cumulait des compétences. Tels que le marketing, les méthodes de recherche, les enjeux contemporains du pétrole et du gaz. A Hydro Congo, de par ses fonctions, Dominique Nimi MADINGOU avait le sens de l’adaptation qui lui permettait de se frotter avec des opérateurs du monde pétrolier mondial, la prudence qu’on lui reconnait aidant.
Parvenu au gouvernement de la République, Dominique Nimi MADINGOU, Ministre de la Ville, travaillait à des politiques publiques d’aménagement des territoires urbains, à la conservation environnementale, au logement social et au transport.
Ouvert, de grande culture, rationnel et d’esprit mathématique, le Ministre Nimi MADINOU allait sans complexe, à la rencontre des Ministres dont les prérogatives avoisinaient les siennes, dans le cadre de la mise en œuvre de son programme. Une qualité appréciée.
Aimant manipuler l’ordinateur, ce dernier s’attachait à comprendre les phénomènes et résoudre des situations y afférentes. De même qu’il affectionnait persuader ses interlocuteurs pour les amener à sortir de leurs préjugés, en cas de besoin.
Mis en mission par le Premier Ministre Jacques Joachim Yhombi OPANGO, le Ministre Dominique Nimi MADINGOU avec son collègue de la Justice à l’époque, ils se sont rendus, en hélicoptère, sur le territoire du district de la ville secondaire de Mpouya, en bordure du fleuve Congo, aux fins de détruire les plantations du cannabis. Le cannabis, une fois bien sec, la plante s’effrite pour être consommée comme du tabac, avec les conséquences néfastes pour la santé des populations, telle l’altération des récepteurs des cellules du cerveau. Dans une pathétique séance de pédagogie, demeurée historique, le Ministre Dominique Nimi MADINGOU a présenté les effets dévastateurs du cannabis, en milieu scolaire et paysan. Exigeant des chefs des villages qu’il soit procédé à l’incendie des étendues couvertes de cette plante nocive et à leur reconversion en espaces de culture de manioc ou à d’autres plantes sans danger. Une véritable réussite saluée par le conseil des Ministres. D’autant plus qu’une délégation de vérification a confirmé l’exécution des consignes du Ministre Dominique Nimi MADINGOU
Homme politique, Nimi MADINGOU l’a été également. Par fidélité pour le Président Pascal LISSOUBA, il participe à la création de l’UPADS. Deviendra membre de la direction de ce Parti jusqu’aux violences de juin 1997. Contribuera à la relance de l’UPADS au congrès extraordinaire de 2006. En sortira l’un des Vice-Présidents. Puis se retirera pour créer, avec d’autres compagnons du Président Pascal LISSOUBA, le Congrès Africain Pour le Progrès (CAP). Au moment où ce dernier trouve la mort, il s’était placé dans une posture progressiste de rassemblement des forces éparpillées de l’UPADS, suite à des dissensions ou autres volontés de refus de se mêler à la forme actuelle de l’UPADS.