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C'est ce qui ressort d'une entrevue qui a porté sur l'année de la jeunesse décrétée par le Président de la République, Chef de l'État congolais que notre équipe de reportage a eu avec ce dernier le mercredi 15 janvier 2024 à Brazzaville.
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Bonjour Monsieur l'imam, nous vous souhaitons nos meilleurs vœux de bonheur pour cette année 2025 ?
Ibrahim Oumarou MOKONZI : Que le Seigneur, nous accorde son bonheur, santé, prospérité, plein succès en tout ce que nous allons entreprendre.
- Une fois de plus, cela nous fait déjà 4 ans que nous avons échangé. Pourriez-vous, encore vous présentez pour nos lecteurs ?
Ibrahim Oumarou MOKONZI : Ok ! Cela fait déjà 4 ans depuis la période de la pandémie à COVID 19, je m'appelle Imam Ibrahim Oumarou MOKONZI, je suis l'imam Recteur de cette vieille Mosquée de la rue Haoussas à Poto-Poto, qu'on appelle aujourd'hui, Mosquée MALYKIAT, c'est une vielle Mosquée de Brazzaville, fondée en 1949, et je suis en même temps un membre du Bureau Exécutif National du Conseil Supérieur Islamique du Congo et Secrétaire Général du Conseil National des Imams du Congo.
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- Monsieur l'imam, notre entrevue Porte sur le monde des affaires. Est-ce que pourriez-vous, nous parler du monde des affaires selon la foi en Islam et les traditions musulmanes ?
Ibrahim Oumarou MOKONZI : Le monde des affaires dans l'islam, de prime abord, l'islam combat la pauvreté et la misère. Parmi les crédos et les principes de cette religion, c'est de combattre la misère et la pauvreté dans toutes ses formes et voilà pourquoi que vous allez constater que dans la religion musulmane, Dieu a imposé le quatrième pilier de l'Islam qu'on appelle la zakat, l'aumône obligatoire, qui en réalité, est une forme d'impôt sur la richesse et chaque musulman et chaque musulmane, qui a atteint un seuil dans sa richesse doit obligatoirement, à la fin de l'année de faire sortir quelque chose, 2,5% pour le redistribuer aux démunis de la société. Donc, c'est déjà un moyen d'abord légal, juridique et divin pour combattre la pauvreté. L'islam n'aime pas la paresse. Voilà pourquoi à l'époque du Calife de l'islam Oumar, il vient à la Mosquée, il voit des gens s'endormir, il les a réveillé pour leur dire que l'Islam n'a pas besoin des fainéants mais, des braves. C'est pour dire que l'Islam inculque cette idée-là, depuis le bas âge et parmi ce que Dieu nous a recommandé, il a interdit tout ce qui est illicite et nous a recommandé ce qui est licite. Il a parlé du monde des affaires, le commerce. Voilà pourquoi, vous allez voir que tous les prophètes de Dieu faisaient quelque chose. Soit, ils étaient dans l'élevage, c'est-à-dire, des bergers et soit dans le monde arabe, ils étaient des commerçants et c'est une activité qui est béni par le Seigneur et la sunna nous enseigne qu'il est mieux de gagner par la sueur de son front. << La main qui donne est toujours au dessus de la main qui reçoit et la main qui reçoit est toujours en dessous>>. Il dit dans un autre texte prophétique, << L'homme ne cesse de tendre la main jusqu'à ce qu'il soit refoulé dans la société >>. C'est pour dire que l'Islam nous exhorte en un mot au travail et le travail principal que l'Islam, nous exhorte, c'est le commerce. Voilà pourquoi vous allez constater partout dans le monde, le peuple musulman même s'ils sont aux États-Unis, vous allez voir que la communauté musulmane des États-Unis, sont des plus grands commerçants et si vous allez en Russie, vous allez voir la forte communauté musulmane, ils sont des commerçants. Vous allez en Indonésie, qui est le premier État musulman par rapport à sa population, c'est la première population commerçante du monde. C'est le cas de cette même espèce dans notre pays, le Congo. Vous allez voir que la communauté musulmane congolaise mélangée avec les expatriés bien-sûr, mais ils sont prêts à faire quoi ? À se lancer dans le monde des affaires. Donc, c'est une recommandation religieuse et c'est une activité que Dieu bénie et on se confie à Dieu et on fait la relation de cause à effet. On ne sait pas qu'est-ce qui va arriver. Le musulman n'a pas peur de se lancer d'abord dans les affaires. Il ne sait pas ce qui va arriver mais, le principe du commerce, c'est ça ! Il ne faut jamais avoir peur de dire que ah ! Si je veux investir est-ce que ça va aller où ça ne va pas aller? Donc, cette mentalité nous ne l'avons pas dans l'Islam. Peu importe ce qu'on va investir. , on va investir et on va se soumettre au verdict de Dieu. C'est vrai, qu'il y a le savoir faire tout ça, on réuni les conditions. C'est comme quelqu'un qui est un agriculteur et ce n'est pas parce que tu as mis les engrais et que tu as planté dessus que sûrement la récolte sera bonne. Est-ce que tu vois, tu as fait les causes avec les effets mais, Dieu peut décider autrement et c'est ça aussi dans le commerce mais, on n'a pas peur.Si aujourd'hui,tu ne trouve pas demain, tu vas trouver cela est inculqué dans la mentalité des musulmans. Si bien que dès le jeune âge, les enfants sont initiés et ils grandissent sur ça.
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- Monsieur l'Imam, dans notre pays, le Congo, le Président de la République, Chef de l'État, a décrété l'année 2024, l'année de la jeunesse et maintenant, nous sommes en 2025 qui continue comme deuxième année de la jeunesse. Nous avons remarqué sur le terrain que les jeunes congolais ne veulent pas exercer dans le monde des affaires et, ils ne veulent rien faire et sont des fainéants. Quel conseil donneriez-vous à ces jeunes ?
Ibrahim Oumarou MOKONZI : Nous avons suivis la déclaration du Chef de l'État, qu'il a déclaré l'année 2024 comme étant l'année de la jeunesse et, il faut que cette déclaration soit accompagnée également, parce que ce qui fait la valeur d'une idée, c'est sa réalisation. C'est vrai, le Chef de l'État a donné des consignes surement au niveau du gouvernement et au niveau des ministères mais, maintenant, il faut faire quelque chose parce que ces jeunes -là, avant de se lancer dans les affaires, il faut qu'il y ait un départ. Donc, au niveau du gouvernement, il faut mettre en place par exemple, un ministère ou bien une commission pour voir qu'est-ce qu'ils vont et d'essayer de préfinancé les micros projets pour cette jeunesse -là et peut-être de ne pas les laisser seul mais, de les accompagner avec certains qui ont déjà de l'expérience. Vous savez, chez-nous, en Islam, il y a ce qu'on appelle à travers la Banque islamique de développement, un très bon système qu'on appell moudharaba et moukaracha. Ce sont des termes arabes mais, très intéressants avec des exigences que vous allez comprendre que, j'ai un projet, projet de quoi ? D'élevage, vous avez un projet d'élevage ? Oui ! Le coût, c'est combien? C'est un million de francs mais, je n'ai rien. La banque va me dire ok ! Il n'y a pas de problème. Comme tu as demandé un million de francs, nous allons te donner 500.000 francs, et nous sommes une sorte de société. Nous avons l'oeil parce qu'on ne peut pas te donner un million de francs comme ça ! Et que ça va dans la nature ! Donc, ensemble nous travaillons et lorsque nous avons le bénéfice comme on est égal 50%, 50%, nous partageons le bénéfice et tu rembourses au fur et à mesure jusqu'à la concurrence de la somme et puis, la société te reviens et ça protège l'investissement. Mais, chez-nous souvent, il y a trop de fiasco, nous avons vu des villages agricoles, villages centres tout ça mais, ça n'a jamais marché pourquoi ? Parce que quelqu'un qui n'est pas habitué à le faire, on le laisse seul avec les moyens seulement, ça ne va pas aller ! Il faut qu'il soit accompagné et c'est ce qui se passe dans ce monde. Tous les financements de la Banque islamique de développement, dans les autres pays comme le Gabon qui est membres de la Banque islamique de développement, des pays de l'Afrique de l'ouest, ils bénéficient souvent de cela.Ils sont venus une fois ici au Congo cela fait au moins dix ans pour essayer de voir encore s'il y a possibilité d'aider la jeunesse musulmane mais, ils vous accompagnent, ils ne vous laisse pas comme ça. Tu peux initier un projet même si, c'est dix millions de francs, il n'y a pas de problème ! S'ils étudient le projet et que c'est bien dix millions de francs, Ok, nous allons prendre 50% du capital et nous allons préfinancé 5 millions pour toi en prêt et les autres 5 millions, c'est notre participation. Maintenant, tu travailles, j'ai l'oeil sur mon argent que j'ai investi et nous travaillons ensemble, le bénéfice on se le partage et petit à petit, toi tu me rembourses jusqu' à la concurrence de la somme, et la société te reviens et tu as gagné l'expérience et les moyens de travail. Donc, personne n'a perdu ici, tu vas écouter qu'on a mis des milliards dans des projets mais, il n'y a rien. Il n'y a pas des milliards qu'on a investi, il n'y a pas de retour et c'est difficile encore de préfinancer, hors, la banque c'est donc avec le même fonds, il te donne et tu rembourses et redonne à une autre personne et ça fonctionne. Je pense qu'au niveau du gouvernement, c'est vrai que les idées sont bonnes, l'initiative est bonne mais, les moyens d'accompagnement, c'est très important. Ils peuvent aussi s'inspirer des expériences des autres pays parce que c'est ça aussi la gestion, l'expérience des autres pays tels que le Maroc qui ont cette expérience, l'Algérie, l'Égypte, c'est un peu le même système même dans les pays de l'Afrique de l'ouest. La banque islamique préfinance cela, le Djibouti a à peu près les mêmes choses, le Sénégal, un peu le Mali. Tous ces pays de l'Afrique de l'ouest, qui sont membres de la banque islamique de développement, bénéficient de ce système et on ne vous demande pas des intérêts à la fin. On t' a donné des millions pour rembourser, c'est un peu ça. Donc, l'État congolais doit accompagner ces déclarations avec des mesures réelles parce que ce n'est pas facile pour quelqu'un, qui n'a pas d'expérience. Si tu lui donnes 5 millions de francs, il va penser à arranger sa télévision, s'acheter un nouveau salon,, des costumes et tout ça, il oubli que c'est de l'argent d'investissement et à la fin, il va faire faillite et c'est comme ça.
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Quel est votre mot de la fin?
Ibrahim Oumarou MOKONZI: Mon mot de la fin est celui d'encourager cette jeunesse à prendre un peu l'esprit d'initiative à cause un peu peut-être du socialisme scientifique. Moi, c'est ce que je dis. Nous avons été des pionniers, c'est la génération du président Marien NGOUABI donc, on a été activistes, postulants tout ça, le socialisme scientifique a essayé de freiner un peu les initiatives parce qu'on pensait qu'à l'État providence. Donc, Il n'y avait pas trop d'initiatives tout ce qu'on faisait, c'était du collectivisme et cela a tué les jeunes congolais. Un peu d'initiatives aujourd'hui, si tu demandes à un jeune congolais que moi, je vais te donner un million ou bien, je vais te donner du travail et qu'on va te payer 50.000 FCFA par mois, il est prêt à accepter le travail de 50.000 FCFA par mois. Tandis que si tu présentes la même opportunité à un jeune ouest-africain, il va te dire donne moi le million, reste avec ton travail. Parce qu'avec le million, il va investir et après une année, il va avoir 5 millions et en attendant, toi tu te contente de tes 50.000 FCFA par mois et on t'utilise du matin au soir. On te fait des injonctions et c'est difficile d'évoluer et c'est d'abord nous mêmes les jeunes. On doit combattre cette mentalité pour avoir un esprit d'initiative et aux pouvoirs publics de mettre à la disposition de la jeunesse des formations de ce type. Les formations professionnelles, il n'y en a pas assez. C'est vrai qu'il y a des Lycées techniques à Brazzaville, tels que le 1 er Mai, 5 Février également, à Oyo et à Pointe Noire oui ! Mais, si tu compares par rapport à la jeunesse, il faut multiplier ce genre de formations professionnelles. Par exemple, en RDC, c'est difficile d'écouter quelqu'un attendre que l'État l'embauche ! Également, à côté de cela, c'est parce qu'il y beaucoup d'écoles de formation professionnelle. Chacun sort de là avec un métier et tu te dis que tu es formé, tu as les moyens de travail manuel, tu n'as pas besoin d'attendre l'État providence au contraire, tu vas embaucher également des jeunes. Donc, à l'État d'accompagner les jeunes et de multiplier les formations et de changer nos mentalités que l'État est le seul moyen ou la seule source du travail. On doit oublier ça déjà avec la disparition du Marxisme-léninisme, le socialisme scientifique en tout cas, il faut avoir le regard sur la créativité et cela est très important et nous le voyons dans les milieux des pays musulmans. On ne dit pas qu'il n'y a pas de pauvreté ! Il y en a ! Mais, c'est difficile de voir un jeune béninois qui va dire qu'il va attendre l'État ! Ou un jeune togolais qui va attendre l'État non ! Parce qu'il a une formation et il sort déjà ! Même les petits métiers que nous avons ici, la majorité de ceux qui les font ce sont des sujets de la RDC et même les carreleurs, il faut qu'on les cherche ! On n'a pas besoin d'importer la main d'oeuvre ! Nos jeunes devraient être former ! Former de carreleurs, des plombiers, des électriciens. Ce n'est pas encore le moment d'aller chercher de la main d'oeuvre ailleurs. En matière de la politique de l'État, il faut la revoir. Les jeunes ne font que des études du primaire à l'université et l'on finit. On s'assoit pendant 20 ans à la maison, et les parents s'occupent de ce jeune, de ses fils et de ses petits fils. C'est compliqué ! Parce qu'on attend seulement que moi, j'ai mes diplômes, j'attends. S'il y avait des formations professionnelles et même après le BEPC. Si on est formé, on peut faire quelque chose en attendant que l'État embauche s'il y a de l'emploi par exemple. Voilà, un peu ce que je voulais dire. Merci beaucoup.